da LE PETIT BOUQUET
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Le quotidien électronique de l'actualité française
No 696 - Paris, le vendredi 12 mai 2000.



L'Afrique meurt du Sida.
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> A LA UNE ......
Dans le grand bain politico-médiatique du RPR, Libération décroche et vote
en faveur d'un dossier sur le sida. Une petite photo monochrome habille la
Une. Un enfant esseulé, sur un lit d'hôpital, le regard froid et perdu
regarde des médecins devant lui s'agiter le crayon à la main. Le gamin est
noir. La légende de la photo souligne que " plus de deux personnes sur
trois infectées par le sida dans le monde vivent en Afrique. " Libération
soigne son inquiétude sur " le sida dans le tiers monde : enfin un geste
des labos. " Cinq laboratoires pharmaceutiques (Boehringer Ingelheim,
Bristol-Myers Squibb, Glaxo Wellcome, Merck and Co et F. Hoffmann La Roche)
se sont engagés, devant l'ONU-sida, à réduire, de manière notable, les prix
de leurs médicaments anti-sida, « qui pourraient chuter de près de 70 % »
dans le cas des génériques.

Après le grand boom médiatique, et la découverte de l'AZT, ce fléau a
quitté la scène. Mais l'épidémie continue de courir dans les veines d'une
population qui meurt à petit feu. Libération, cartes et pourcentages en
main, témoigne du chiffre incroyable du sida en Afrique. Sur 33,6 millions
de personnes touchées dans le monde en 1999, 23 300 000 personnes vivent en
Afrique sub-saharienne. Et au Rwanda, par exemple, le coût d'une
trithérapie est estimé à 1500$ par mois et par personne. Les cinq géants
pharmaceutiques s'engagent donc à " une baisse drastique des prix des
molécules anti-VIH en faveur des pays en voie de développement. »

Patrick Sabatier diagnostique, dans son éditorial, un geste " bien peu,
bien tard. " Au-delà d'un problème de santé publique, le sida est " un
enjeu géopolitique qui menace de déstabiliser des régions entières du
globe, à commencer par l'Afrique. " Comment admettre que " des millions
d'êtres sont morts alors que les moyens de les soigner existaient. »
L'éditorialiste souligne que la baisse des prix, si elle n'est pas
accompagnée " d'une mise en place de vraies structures de santé publique
[...] n'achètera qu'une bonne conscience. " Racine le disait déjà : " Ce
qui est à mille lieux est à mille temps. "

> Stephane Bourgouin

Le Petit Bouquet (C) 2000