SERMON 196


 1. Il y a deux Naissances du Christ, Fils toujours engendré du Père, sans commencement.

2. La valeur des trois formes de vie : mariage, veuvage et virginité, est attestée par le Christ.

3. Dieu Enfant pour nous.

4. La fête des Calendes de janvier est une superstition.

 

1. Le jour présent, où nous fêtons la Naissance de notre Seigneur Jésus Christ, a fait briller sur nous sa lumière. C'est Noël, jour de la Naissance du Christ. C'est aujourd'hui Noël car depuis hier les jours croissent.

Il y a deux Naissances de notre Seigneur Jésus Christ : l'une divine, l'autre humaine; les deux sont étonnantes; la première sans femme pour mère; la seconde sans homme pour être père. Ce que dit le saint prophète Isaïe : "Qui racontera sa Naissance ?" peut être rapporté aux deux Naissances. Qui pourrait rapporter dignement comment Dieu a engendré ? Comment une vierge a accouché ? La première s'est produite hors du temps. La seconde un jour donné. L'une et l'autre dépassent l'entendement humain et provoquent un grand étonnement.

Écoutez ce qui est dit de la première Naissance : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu." Le Verbe de qui ? De Dieu Lui-même. Quel Verbe ? Le Fils Lui-même. Jamais le Père n'a été séparé du Fils. Et toutefois, Celui qui n'a jamais été séparé du Fils a engendré le Fils. Il L'a engendré sans qu'il y ait eu commencement. Sans un commencement provoqué, il n'y a pas de commencement. Et pourtant, Il est le Fils, et pourtant Il a été engendré. L'intelligence humaine dira : comment a-t-Il été engendré s'Il n'a pas commencé ? S'Il a été engendré, Il a commencé; et s'Il n'a pas commencé, comment a-t-Il été engendré ? Comment, je l'ignore. Tu demandes à un homme comment Dieu a été engendré ? Ta question me met dans l'embarras. Mais j'ai recours au Prophète : "Qui racontera sa Naissance ?"

Suis-moi maintenant dans ce qui a trait à la seconde génération, dans laquelle Il S'est réduit à néant, en prenant la forme du serviteur : si du moins nous pouvons la comprendre, si du moins nous sommes capables d'en dire quelque chose. De fait, qui pourrait comprendre : "Lui qui, étant dans la forme de Dieu, n'a pas pensé user comme d'un privilège d'être l'égal de Dieu ?" Qui pourrait comprendre cela ? Qui s'en ferait une juste idée ? Quel esprit oserait scruter ces profondeurs ? Quelle langue oserait en discourir ? Quelle pensée aurait la force de comprendre ? Laissons donc cette question pour l'instant. C'est trop pour nous. Toutefois, pour que nous n'ayons pas à faire à trop forte partie, Il S'est réduit à néant Lui-même, prenant la forme du serviteur, devenu semblable aux hommes." Où ? Dans le sein de la Vierge Marie. Touchons-en donc quelques mots si tant est que nous le puissions. L'ange délivre son message, la Vierge entend, croit et conçoit. La foi dans son coeur, le Christ dans ses entrailles. La Vierge a conçu : soyez dans l'étonnement. La Vierge a enfanté, que votre étonnement croisse. Après l'accouchement, elle est restée vierge. Qui donc pourra raconter cette Naissance ?

2. Voici maintenant, pour vous réjouir, très chers frères. Il y a trois formes de vie dans l'Église des membres du Christ : celle du mariage, celle du veuvage, celle de la virginité. Puisque ces formes de vie respectable devaient se trouver dans le corps sacré du Christ, chacune de ces trois formes de vie témoigne du Christ. La première , c'est le mariage : lorsque Vierge Marie a conçu, l'épouse de Zacharie, Élisabeth, avait conçu, elle aussi; elle portait dans son sein celui qui devait annoncer son propre Juge. Sainte Marie vint à elle, pour saluer sa parente. L'enfant tressaillit de joie dans le sein d'Élisabeth. Lui tressaillit, elle prophétisa. Voici pour témoigner du respect dû au mariage. Où est-il question de veuvage ? À propos d'Anne . Vous venez d'entendre à la lecture de l'évangile qu'il y avait une sainte prophétesse, veuve de 84 ans, qui avait vécu 7 ans avec son mari. Elle vivait dans le temple du Seigneur, le servant dans la prière jour et nuit. Et c'est cette veuve qui reconnut le Christ. Il était tout petit quand elle le vit, mais elle reconnut sa grandeur. Elle aussi en a témoigné. Voilà pour le veuvage. En Marie, c'est la virginité.

Que chacun choisisse de ces trois vies celle qu'il veut. Celui qui voudra sortir de ce cadre, ne se dispose pas à être dans le Corps du Christ. Que les épouses ne disent pas : nous n'appartenons pas au Christ. De saintes femmes ont été mariées. Que les vierges ne s'enorgueillissent pas. Plus grand est leur état, plus elles doivent s'humilier devant tous. Voilà tous les modèles de salut qui ont été proposés à notre regard. Que personne ne s'en écarte. Que personne ne s'écarte de sa femme : mais il est mieux d'être sans femme. Si tu cherches un exemple de grandeur dans la vie conjugale, voici Suzanne; dans le veuvage, Anne; dans virginité, Marie.

3. Le Seigneur Jésus a voulu être homme à cause de nous. Que cette Miséricorde ne soit pas dépréciée à nos yeux : ce qui gît à même notre terre, c'est la Sagesse. "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu." Ô nourriture et Pain des anges : Tu combles la faim des anges, Tu les rassasie sans les lasser; ils vivent de Toi, de Toi ils tiennent leur sagesse, de toi leur bonheur. Où es-Tu, à cause de moi ? Dans une étroite auberge, dans les langes, dans une crèche. Et à cause de qui ? Celui qui mène les astres, suce le sein ; Il comble les anges, parle dans le Sein du Père, se tait dans celui de sa Mère. Mais Il doit parler quand viendra le temps, et accomplir pour nous l'Évangile. À cause de nous, Il souffrira, à cause de nous Il mourra; pour nous montrer ce que sera notre récompense, Il ressuscitera, Il montera au ciel à la vue de ses disciples, Il reviendra du ciel pour le jugement. Voici que Celui qui était couché dans la crèche, S'est abaissé, mais sans Se détruire. Il est devenu ce qu'Il n'était pas, mais est resté ce qu'Il était. Voici pour nous le Christ devenu Enfant, grandissons avec Lui.

4. En voilà assez pour votre charité. Mais parce que je vois ici une grande foule venue pour fêter Noël, il faut que j'ajoute : les calendes de janvier vont arriver. Vous êtes tous chrétiens. Par la bienveillance de Dieu, vous vivez dans une cité chrétienne. On y rencontre deux espèces d'hommes : les chrétiens et les juifs. Qu'on n'y voie pas se produire ce que Dieu hait : des jeux indignes, des divertissements malhonnêtes. Que les hommes ne se choisissent pas eux-mêmes des juges, de peur de tomber dans les Mains du vrai Juge. Écoutez-moi! Vous êtes chrétiens, vous êtes des membres du Christ. Songez à ce que vous êtes, à quel prix vous avez été rachetés. Pour tout dire, voulez-vous savoir ce que sont vos pratiques ? Je m'adresse à ceux qui s'y adonnent. Que ceux à qui elles répugnent ne s'en offusquent pas : je m'adresse à ceux qui s'y adonnent de bon coeur. Voulez-vous savoir ce que sont ces pratiques, et quelle tristesse vous nous mettez au coeur ? Les Juifs s'y adonnent-ils ? Rougissez-en plutôt afin qu'elles n'aient pas lieu.

Pour l'anniversaire de la Naissance de Jean, c'est-à-dire 6 mois avant Noël (ces six mois voient, en effet, la naissance du héraut et du Juge), obéissant à une pratique superstitieuse, des chrétiens sont venus à la mer et s'y sont donné le baptême. J'étais absent, mais, comme on me l'a appris, des prêtres émus, car ils se sont instruits dans notre enseignement, ont averti un certain nombre entre vous de ce qu'apprend la saine doctrine de l'Église. Certains en ont protesté et ont dit : Y avait-il matière à nous mettre en garde ? Si on avait pris la précaution de le faire, nous ne nous serions pas comporté ainsi. Si les prêtres eux-mêmes nous avaient avertis, nous ne nous serions pas comporté ainsi. Eh bien, c'est l'évêque qui prend la précaution de vous avertir : c'est un avertissement, une proclamation, une dénonciation. Écoutez-le, il vous le demande. Écoutez-le, il vous en supplie. Je vous en supplie, par Celui-là même qui est né aujourd'hui; je vous en supplie et vous en fais un devoir : que personne ne s'adonne à ces pratiques!

Je me dégage ainsi de toute responsabilité. Je préfère vous en avertir de vive voix que d'éprouver l'affliction de ne pas l'avoir fait.


IKTHYS