A L'IMPÉRATRICE PULCHERIE


 Si les lettres que nous vous avons adressées par nos clercs pour la défense de la foi vous étaient parvenues, il est certain que votre sainteté, inspirée par le Très-Haut, se serait empressée de porter remède de tout son pouvoir à ce qui a été fait contre la foi. En effet, combien n'avez-vous point manqué aux évêques  ? Combien n'avez-vous point manqué à la foi et à la religion chrétienne  ? Ainsi, comme ceux que nous vous avions envoyés n'ont pu parvenir jusqu'à votre bienveillance, car c'est avec la plus grande peine que notre diacre Hilaire est parvenu à s'échapper et à regagner Rome, nous jugeons convenable de vous écrire de nouveau. Pour donner plus de force à nos prières, nous joignons à cette lettre une copie de celle qui n'a pu vous être remise, et nous vous supplions, par tout ce qu'il y a de plus saint, de vous opposer à tout ce qui a été fait de criminel  : cette noble tâche que votre dignité impériale vous impose, ajoutera un nouvel éclat à la foi vive qui vous distingue ; car le concile qui s'est réuni à Éphèse pour donner la paix à l'Église, en portant un jugement contre l'hérésie, a non seulement agi de manière à rendre toute pacification impossible, mais encore, et ce qu'on ne saurait trop déplorer, a travaillé à la ruine de la foi chrétienne. Nos légats eux-mêmes, dont un seul a su soustraire à la violence de l'évêque d'Alexandrie, qui s'était arrogé la souveraine puissance, et nous faire le récit fidèle de ce qui s'est passé, ont protesté, comme ils devaient le faire dans le concile, non pas tant contre le jugement, mais contre la fureur de Dioscore. Ils se sont écriés qu'une sentence rendue par la crainte et la violence, ne pouvait porter aucun préjudice aux sacrements de l'Église et au Symbole établie par les apôtres ; et aucune injure n'a pu les contraindre à s'écarter de cette règle de foi, conçue et exprimée de la manière la plus positive, que le saint Siège leur avait donné pour remettre au saint concile. Les évêques, malgré leurs réclamations, n'ont pu obtenir la lecture de cette pièce  : on a voulu, en bannissant du concile le témoignage de foi qui couronna les patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs, abolir - nous avons horreur de le dire - et la Naissance de notre Seigneur Jésus Christ selon la chair, et la vérité de sa Mort et de sa Résurrection. Dès que nous l'avons pu, nous avons écrit sur ce sujet, et nous vous adressons une copie de cette lettre à notre empereur très glorieux et, ce qui est plus grand, très chrétien, pour le prier de ne point laisser corrompre par aucune innovation la foi dans laquelle il a été baptisé et dans laquelle il règne par la Grâce de Dieu. Comme l'évêque Flavien est resté dans notre communion qui est celle de l'Église universelle, qu'il n'existe aucune raison pour approuver le jugement rendu contre lui, au mépris de tout sentiment de justice et à l'encontre des règles de la discipline ecclésiastique, et comme le synode d'Éphèse, loin de terminer de scandaleux désordres, y a au contraire mis le comble, nous lui avons demandé de convoquer un concile en Italie, et d'en fixer le temps et le lieu, afin que toute discussion et toute condamnation restant suspendues jusque là, on puisse alors revenir sur tout ce qui a été mal fait, rendre à la paix du Seigneur, sans blesser la foi et sans offenser la religion, les évêques qui, par faiblesse, se sont laissés contraindre à souscrire au jugement de Dioscore, et détruire l'hérésie. Que votre piété, dont la foi nous est si bien connue, et qui porte toujours secours à l'Église dans ses travaux, daigne appuyer notre demande auprès du très clément empereur, ainsi que les légats que le bienheureux apôtre Pierre lui envoie pour ce sujet, afin qu'avant que ce fléau funeste de la guerre civile se propage dans l'Église, il nous donne la force et les moyens de rétablir la paix avec l'Aide de Dieu. Il sait que tout ce qu'il accordera à la liberté catholique, doit contribuer à augmenter sa puissance.

Fait aux ides d'octobre, sous le consulat des très illustres Astère et Protogène.  


   IKTHYS