Le Racisme expliqué à ma fille
de TAHAR BEN JELLOUN



L’AUTEUR

Tahar Ben Jelloun est né à Fez, au Maroc, en 1944. Il fait ses études supérieures (philosophie et psychiatrie) à Paris, où il présente une thèse de doctorat en psychiatrie sociale, dont il tire en 1977 l’essai La plus haute des solitudes, consacré à la condition et à la souffrance des travailleurs immigrés. L’attention qu’il porte aux opprimés, est une constante de son æuvre : les immigrés (La Réclusion solitaire, 1973), mais aussi les femmes maghrébines à la difficile conquête d’une identité (Harrouda, 1973, L’Enfant de sable, La Nuit sacrée, 1987, Les Yeux baissés, 1991). La culture, écrite et orale, et la spiritualité arabe dont il est nourri, imprègnent la langue française qu’il a choisie, et donnent à son oeuvre poétique et romanesque un rythme, une profondeur et un souffle tout à fait nouveaux dans notre panorama littéraire.

L’OEUVRE

Le Racisme expliqué à ma fille a été écrit en 1997, à la suite d’un vaste mouvement de protestation suscité par la présentation d’un projet de loi (« la loi Debré ») particulièrement discriminatoire envers les étrangers et les familles d’origine étrangère installées en France. Dans ce dialogue avec sa fille, l’auteur analyse, dans une langue simple et qui se veut à la portée de tous, les ressorts du sentiment raciste, mais aussi tous les événements tragiques de notre histoire, nés de la peur et du refus de l’autre : un sentiment de méfiance naturel à tous les hommes et à toutes les sociétés, qui devient incontrôlable quand il est exploité à des fins politiques. Cette réflexion sur l’homme et son histoire est aussi un appel à la vigilance, pour que les drames nés du racisme et du refus de l’autre ne se répètent plus.

MON COMMENTAIRE PERSONNEL

C’est assez difficile de faire la fiche du livre « Le Racisme expliqué à ma fille » de Tahar Ben Jelloun parce que ce n’est pas un livre comme tous les autres. D’abord c’est un livre qu’on doit considérer comme un dialogue, comme une très normale conversation entre un père et une fille. Dire «très normale» ce n’est pas si exact parce que le thème de cette conversation est difficile et complexe, en effet on parle de racisme.
Le livre commence avec une question apparemment simple (« C’est quoi le racisme ? » ) qui ensuite comportera le déroulement du discours centré sur ce sujet. L’auteur de ce livre, qui est aussi le principal interlocuteur du dialogue, cherche à expliquer à sa fille Mérième ce que c’est le racisme, pourquoi il naît, comment il se développe, s’il est commun à tous, s’il est juste ou faux, etc. Pour réussir à mieux le lui expliquer, il prend en considération des aspects, des éléments et des notions, souvent très difficiles, qui sont strictement liés au racisme. Puisque Mérième est une enfant, il utilise une langue assez simple, des mots et des définitions efficaces, en utilisant souvent des exemples parfois banals mais concrets et bien trouvés. Il introduit des exemples historiques, par exemple il parle des Croisades, de l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale et encore du colonialisme et de ses effets sur la mentalité des personnes. Au début il s’arrête sur la notion de racisme, ensuite il cherche à décrire et à analyser la figure du raciste. C’est sûrement facile pour l’auteur d’entreprendre ce discours parce qu’il est marocain, mais il vit à Paris. Nous pouvons déduire de ses discours et son langage que l’auteur est une personne extrêment intelligente avec des idées très claires et convaincantes. En lisant son livre avec une attention et un intérêt particuliers, j’ai noté que l’auteur juge souvent les personnes, mais seulement après avoir trouvé de bonnes motivations et en éliminant absolument les fausses et nocives conduites de la communauté. Pas toutes les personnes adoptent cette conduite, aussi parce que c’est très difficile de réussir à trouver des motifs valables qui puissent te permettre de juger une autre personne. Une autre chose que j’ai beaucoup appréciée de ce livre c’est le fait que l’auteur n’impose pas ses idées au lecteur mais plutôt il les lui communique librement. C’est un auteur très objectif et déterminé.

J’avais déjà lu ce livre il y a trois ans. Pour moi le relire, a été une occasion de retour dans le passé, mais aussi une importante confirmation. J’ai trouvé un stimulant pour porter aux personnes les idées de l’auteur, que personnellement je partage avec orgueil et sans peur ou honte. Je dis cela parce que pendant ma vie je suis entrée en contact avec des personnes racistes, qui ont paradoxalement consolidé et renforcé mes idéals non racistes. Moi aussi je cherche à ne pas imposer mes idées, bien que ce soit très difficile. Je critique les racistes, mais je ne réussis pas à les détester. Je cherche à avoir pitié pour eux. Je suis contente d’avoir relu ce livre et je le conseille à tous, mais surtout aux personnes qui pensent ne pas avoir une notion très claire du racisme.


Federica Mussi