Simona Suglia classe 4D Été 2003

Liceo Scientifico Statale F. Enriques – Lissone

FICHE DE LECTURE

L’ETRANGER

L’auteur

Albert Camus est né à Drean, en Algérie, en 1913; quand il avait un an, il est allé vivre avec sa famille à Alger, parce que son père avait été mobilisé et puis, en octobre de l’année 1914, tué à la guerre. Romancier, essayiste et dramaturge, Albert Camus a reçu en 1957 le prix Nobel pour la littérature. En 1934, il a épousé une femme qui était déséquilibrée par la drogue mais, après un voyage en Europe, il l’a laissée; il a épousé une autre femme en 1940, et ils se sont transférés ensemble à Paris. En 1939 il a publié le recueil d’essais Noces, et en 1942 son premier roman, L’étranger; durant la Deuxième Guerre Mondiale, Camus a participé à la Résistance française et il a travaillé pour des journaux clandestins. Il a écrit La peste, en 1947, roman à travers lequel il a reconnu qu’on rachete la folie de l’existence avec la conscience que l’homme a de sa propre condition et à travers la rébellion, l’espérance, la solidarité et le courage. Il a publié en 1949 Les justes et, deux ans après, l’essai L’homme révolté, où la révolte est d’abord individuelle, contre la mort et l’absurde, et après collective, à travers la solidarité. Cette dernière oeuvre a provoqué une aigre polémique avec Jean-Paul Sartre, qui a reproché à Camus d’avoir une vision trop “métaphysique” de la révolte et de condamner avec la même véhémence le nazisme et le stalinisme.
En 1956 l’auteur a publié le roman La chute. Albert Camus est mort à Villeblevin, en 1960, dans un accident de voiture. En 1971 on a publié La mort heureuse et Les carnets; en 1994, paraît beaucoup de temps après sa mort, Le premier homme, oeuvre à laquelle Camus travaillait avant de mourir.

Le résumé

Le roman commence par la phrase: “Aujourd’hui, maman est morte”. Mr Meursault, un homme de trente ans qui vit à Alger, apprend la nouvelle de la mort de sa mère, qui vivait dans un hospice à Marengo. Il n’est pas désespéré, il n’est pas triste, il ne pleure pas; pendant la veillée funèbre il fume une cigarette. Il vit dans l’indifférence les formalités du cas, il fait enterrer sa mère avec apathie et il court à la plage, où il remorque une jeune femme, Marie Cardona. Comme si de rien n’était, ils vont au cinéma et ils passent la nuit ensemble. Ils se fréquentent et, après quelque temps, Marie demande à Meursault de l’épouser: il ne l’aime pas, mais il ne voit pas quelque raison sensée de refuser. Avec la même distraction et le même désintéressement, Meursault accepte l’amitié d’un locataire de son palais, Raymond, un homme qui malmène la soeur d’un Arabe; Meursault aide Raymond à se venger de sa maîtresse.
Un jour, à la plage, Meursault, dnas des circonstances arbitraires et absurdes, perd son sang froid et, aveuglé par le soleil, tue un Arabe; il va sous procès. Son indifférence envers la mort de sa mère acquiert beaucoup plus d’importance que le crime accompli, en faisant mauvais effet sur le président et le juge. Il est condamné à la peine capitale, mais il ne veut pas mourir: il voudrait la grâce. Meursault refuse le réconfort du chapelain de la prison, qui veut lui parler de Dieu: le condamné le tuerait volontiers.
Seulement quand le chapelain le laisse seul, il retrouve la paix qu’il cherchait et s’apaise dans l’acceptation de son destin: il est prêt à affronter la mort, il sera exécuté, mais il a encore envie de vivre. Le prodigieux monologue final est un haut cri: «Je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore».

Les thèmes

- L’étranger et l’extranéïté : Selon moi, le thème principal du bref roman est celui qui explique le titre. Meursault est un étranger: il n’est pas d’une autre nation, comme l’Arabe qu’il tue, mais, volontaire, il se rend étranger au monde, à la vie des autres, à la société où il vit. Le mot français étranger a deux significations en Italien: il veut dire “straniero”, mais aussi “estraneo”. Meursault est un étranger quant au deuxième sens: il ne sent pas le monde comme lui appartenant, il fait des choses banales, mais sa tête est toujours ailleurs, il semble qu’il n’ait pas de conscience; il erre, en marge, dans le faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle, et il ne joue pas le jeu. Il est à côté de Marie, une femme qui l’aime jusque la fin, mais il ne l’aime pas, elle n’est pas sa femme, il l’aurait épousée sans l’aimer. Et les étoiles qu’il voit à la fin, dans sa cellule, ce ne sont pas ses étoiles: ce sont de simples signes du ciel. Un ciel qui ne lui appartient pas, qui ne lui rappelle rien, comme si Meursault n’avait jamais vécu.

- L’indifférence : Meursault est indifférent à tout et tous: sa mère meurt, et il n’éprouve rien; il est un assassin, mais il a tué dans un moment d’impétuosité et presque il ne se le rappelle pas. C’est lui qui le dit, et nous pouvons aussi le comprendre en lisant le roman: le narrateur-protagoniste n’exprime jamais un sentiment, sinon dans le monologue final. Ici il parle d’une tendre indifférence du monde: donc l’indifférence, selon lui, suscite de la tendresse. C’est la seule sensation qu’il exprime.

- L’incompréhension : Mr Meursault est un incompris, et à son tour il ne comprend pas sa mère et Marie.
L’incompréhension est fille de la difficulté des rapports humains, de l’absence de dialogue: Meursault et Marie parlent peu à leur premier rendez-vous (ils vont au cinéma); le condamné ne veut rien dire au juge; il ne veut pas parler avec le chapelain. Le protagoniste n’est donc pas seulement victime de l’incompréhension: il la cherche, il s’enferme en lui-même, il renonce à se faire comprendre. On peut lier ce discours-ci à celui de l’extranéité: il se rend, volontairement, étranger aux personnes. Le juge aussi ne comprend pas le vrai noeud de l’affaire: l’indifférence du député envers la mort de sa mère est pour lui plus importante que le crime accompli. Mais à la fin, avant de mourir, Meursault change: «Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai pensé à maman. Il m’a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d’une vie elle avait pris un fiancé, pourquoi elle avait joué à recommencer».


Les personnages

Le protagoniste est Meursault: c’est un type silencieux et aride, il ne croit pas en Dieu, il est indifférent à tout ce qui lui arrive et à tout ce qu’il fait; c’est un personnage que beaucoup de critiques ont défini “absurde”; en effet il vit selon la “philosophie de l’absurde”: il ne cherche pas le sens de ce qui lui arrive, il s’abstient de faire des commentaires et des avis; c’est un personnage inexplicable, comme la signification profonde du roman tout entier. Il a une évolution, il veut vivre à la fin, mais malheureusement c’est trop tard.
Un autre personnage important est Marie Cardona: elle vit la vie avec simplicité, sans préjugés et sans trop de problèmes; elle a besoin de peu de choses pour être heureuse, elle se contente de ce qu’elle a. C’est un personnage touchant: dans sa simplicité elle a une grande force, elle a une grande capacité d’aimer; elle est très déterminée, elle ne tient pas à ce que les personnes peuvent dire ou penser. Elle aime Meursault, mais à la fin elle ne lui écrit plus.
D’autres personnages avecmoins d’importance sont: Raymond, un homme vendicatif et violent; les amis de la mère du protagoniste, qui l’aimaient vraiment (Céleste, en particulier); les Arabes, Salamano, mr et mme Masson, l’avocat et le chapelain.


Le commentaire personnel

L’étranger est un roman un peu difficile à comprendre, et sourtout si on le lit dans sa langue originale. Mais il m’a beaucoup plu, parce que c’est un récit profond, intéressant, particulier; étrange. À vrai dire il semble qu’il n’ait pas de trame, de morale, de message; l’auteur, Camus, se rend “étranger”, parce qu’il n’y a pas son point de vue dans le récit. Pour la philosophie j’ai lu, dans cet été, Délits et châtiments de Dostoevski: les deux histoires sont semblables, mais dans le roman russe il y a une morale, le chemin du protagoniste, la prise de position de l’auteur. Probablement l’aspect intéressant de L’étranger c’est que l’auteur raconte une histoire, et rien d'autre.
J’ai aimé, en particulier, la première partie du roman, et dans la deuxième les pages sur la vie en prison et les finales; il y a des personnages épisodiques selon moi très bien tracés, comme l’homme avec le chien et Raymond. L’impression que le roman suscite est intense: il y a des images très belles, comme celle du scintillement du soleil sur le couteau avant que le protagoniste ne tue l’Arabe; l’atmosphère est étrange, presque suspendue. J’ai aimé l’histoire de Meursault, un homme qui ne se révolte pas contre la présumée absurdité du monde, qui est un étranger mais qui à la fin sent le monde comme fraternel: «De l’éprouver [le monde] si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore».
Albert Camus a expliqué son premier roman avec ces paroles: «Un monde qui peut être aussi expliqué avec de méchantes raisons est un monde familier. Au contraire, dans un monde tout à coup privé d’illusions et de lumière, l’homme se sent étranger». Un critique a écrit: «Lorsque l’homme comprend que la vie n’a point de sens, ça n’est pas une fin mais un début. Le protagoniste commence par vivre dans une façon nouvelle: elle est la confrontation entre le caractère irrationel du monde et le désir de clarté de l’homme. Se tuer signifie se rendre, ne pas combattre. La seule solution est d’accepter le monde tel qu’il est, sans se résigner». Je voudrais terminer avec les phrases du livre que moi, je considère comme les plus intenses. «J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parut. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.» «Au début de ma détention, pourtant, ce qui a été le plus dur, c’est que j’avais des pensées d’homme libre. Par exemple, l’envie me prenait d’être sur une plage et de descendre vers la mer. À imaginer le bruit des premières vagues sous la plante de mes pieds, l’entrée du corps dans l’eau et la délivrance que j’y trouvais, je sentais tout d’un coup combien les murs de ma prison étaient rapprochés». «J’ai eu l’impression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige. J’ai été assailli des souvenirs d’une vie qui ne m’appartenait plus, mais où j’avais trouvé les plus pauvres et les plus tenaces de mes joies: des odeurs d’été [il est souvent saisi par les odeurs], le quartier que j’aimais, un certain ciel du soir, le rire et les robes de Marie». Effectivement dans le texte il y a un message, précisément pour ce qui concerne la peine capitale. Le protagoniste, en effet, dit: «J’avais remarqué que l’essentiel était de donner une chance au condamné…»


Simona Suglia