Magnani Stefania 3D

Fenian et Aleth


Cette histoire a pour lieu un monde très loin de nous, dans un grand royaume nommé Tir-nan-og.
Dans ce monde on avait beaucoup de choses comme les nôtres, par exemple on avait les motos, on avait les industries, les armes modernes. Mais on n’avait pas le téléphone ou la télé. Au centre de ce grand royaume, il y avait le château du roi Kahol. C’était une bizarre construction : à plan rond, de pierre grise, avec de hauts murs et des tours élancées.
Le roi Kahol vivait là-bas, avec ses chevaliers. Mais ce n’étaient pas de vrais chevaliers : ils n’avaient pas de chevaux, mais des motos noires, et ils ne portaient pas d’armures, mais ils avaient des vêtements de peau noire et ils combattaient avec des pistolets qui avaient même une lame comme une épée. Ces preux avaient combattu pour longtemps pendant la dernière guerre, mais maintenant que la guerre était terminée, ils avaient beaucoup de temps libre et ils se dévouaient à des entreprises épiques isolées.
Le favori du roi Kahol était son preux, jeune neveu, Fenian. Il avait combattu davantage et mieux que tous les autres pendant la guerre; il possédait une force et un courage légendaires. Mais il n’était pas comme les autres jeunes : on disait que les elfes l’avaient touché quand il était petit. Il était silencieux, réservé, quelquefois triste. Personne ne le savait, mais en lui il y avait une préoccupation secrète qui le consommait et ne le faisait pas dormir. Il cherchait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'était. Et donc il allait tout autour du royaume, combattant et cherchant, cherchant et combattant. Il avait fait des choses merveilleuses, mais il ne trouvait pas la paix : quelque chose l’attendait, mais il ne réussissait pas à la trouver.
Ce fut pendant un de ses voyages solitaires que Fenian se trouva devant un bois. Il ne l’avait jamais vu, mais un sens de respect, peut-être même de peur, envahit sa poitrine. Il descendit de sa moto, il enleva son casque et il regarda le bois mystérieux : son cœur battait plus fort que jamais. Il n’avait jamais éprouvé cette émotion-là, même pas pendant la guerre. C’était quelque chose d’indescriptible, qui lui prenait la tête, lui faisait trembler les mains, le faisait même suer. Qu’est-ce qui se passait ? Il prit sa tête dans ses mains. Il y avait quelque chose qui l’appelait. Fenian leva la tête, une expression de détermination dans les yeux. Crispant les poings, il entra dans le bois. Un silence surnaturel envahit ses oreilles. Un voile de brume gris azur recouvrait les arbres et les plantes et toutes les couleurs étaient diffuses, tendaient toutes au gris argent. C’était comme si le temps s’était arrêté dans ce petit bois-là. Fenian pouvait entendre seulement le bruit de ses pas. Puis, à l’improviste, un son d’eau tranquille. Il se montra entre des arbres à l’écorce argentée et il vit la dernière chose qu’il avait imaginé de pouvoir observer : c’était une jeune fille. Mais elle n’était pas comme toutes les autres qu’il avait vues : ses vêtements paraissaient être d’un époque que Fenian n’avait jamais vécue. Ils étaient gris azur, comme toutes les choses là dedans, iridescents, longs. Ses cheveux, longs et blonds, l’enveloppaient pendant qu’elle glissait distraitement une main sur la surface d’un petit lac.
Fenian chercha à s’approcher, mais à l’improviste, la fille tourna le visage vers lui, en le regardant avec de grands yeux bleus, dilatés pour la peur. Elle se leva et commença à courir, en disparaissant, sans bruit, entre les arbres.
Fenian n’osa pas parler. C’était comme s’il avait reçu un coup de poing sur le visage. Sans même se rendre compte, il sortit du bois et monta sur sa moto. Il mit son casque et fit retour au château, sa maison, avec une bizarre sensation dans le corps, comme s’il avait des papillons dans l’estomac. Ce soir-là, quand il rentra au château, il ne salua personne et il s'enferma dans sa chambre, sans manger.
Le roi son oncle était préoccupé. Il appela à sa présence les chevaliers qu’il savait être proches de lui et il les interrogea sur les motivations du comportement de son neveu. Les chevaliers se regardèrent les uns les autres sans savoir que dire : personne n'avait vu Fenian pendant toute la journée. Finalement, Finn, le seul chevalier dont Fenian avait confiance, parla : « Sire, personne n'a vu Fenian aujourd’hui. Il a pris sa moto et s’en est allé tout seul, jusqu’à ce soir. Nous ne savons rien. Il n’a voulu parler même pas avec moi » Le roi resta un moment silencieux, puis il dit « j’irai moi même lui parler ».
Il trouva Fenian assis, regardant par la fenêtre le royaume sur lequel la nuit était en train de descendre et les lumières des maisons qui allaient s’allumer.
« Qu’est qui s’est passé, Fenian ? Tu es même plus silencieux que les autres jours »
Quand il entendit la voix de son oncle, Fenian se leva vite, mais sans perdre son expression pensive « bonsoir, mon roi » « Je ne suis pas seulement ton roi. Je suis ton oncle et je suis préoccupé pour toi. »
« Ce n’est rien, sire » il baissa son regard.
« Rien ? »
« Rien, sire. »
« Je ne peux pas t’obliger à parler. Mais si tu as besoin de quelque chose… »
« Oui, sire » soupira-t-il.
Le roi sortit de la chambre, toujours préoccupé.

Le matin successif, personne ne vit Fenian. Il était parti très tôt, sans rien dire à personne. Il voulait trouver encore le petit bois. Mais il ne savait pas comment faire : il ne réussissait pas à se rappeler le chemin. A la fin il décida de faire comme le jour avant : il se laissa aller. Et, comme le jour avant, il rejoignit le lieu mystérieux. Encore la même sensation toucha son cœur, la même sensation d’être hors du temps. Encore le même silence, la même eau.
Mais cette fois, quand il vit la jeune fille, il resta immobile, il lui parla gentiment, à voix basse.
La fille le regarda encore un peu épouvantée. Puis, à l’improviste, elle parla, avec une voix d’ange : « comment es-tu entré ? »
« Il n’y a pas de murs » lui répondit-il.
« Non, mais…personne ne peut le faire…tu es un fantôme ? » elle ne réussissait pas à comprendre.
Fenian lui sourit « non »
« Donc tu viens du monde ! »
Cette fois, c’était Fenian qui ne réussissait pas à comprendre « le monde ? Mais ce bois aussi est dans le monde ! »
« Pas complètement » répondit-elle tristement. Mais puis elle lui sourit et demanda : « quel est ton nom ? »
« Fenian »
« Parle-moi de ce qui se passe hors d’ici, je t’en prie » « Volontiers je le ferai, si tu me dis ton nom »
Elle sourit « Aleth est mon nom. Viens, assieds-toi »
Fenian lui obéit et lui commença à raconter tout ce qu’elle voulait savoir sur le monde hors du petit bois. Ils parlèrent pour des heures, puis au coucher du soleil, Aleth devint pale à l’improviste. Elle se leva et elle dit, anxieuse « va-t’en ! » « Pourquoi ? Qu’est qui se passe ? » demanda Fenian confus. « Va-t’en, va-t’en, il arrive ! »
« Mais… »
« Aie confiance en moi ! » elle l’obligea à se lever.
« Je retourne demain ? » demanda-t-il, sans trop y espérer. « Oui, oui, mais maintenant va-t’en ! » Elle avait vraiment peur.
« Mais qu’est-ce qu’il y a ? Je reste, si tu as peur, je te protège ! » Il mit la main surson arme.
Aleth allait pleurer. Alors Fenian se résigna : « je m’en vais… »
Il sortit du bois et il retourna au château. Cette nuit, il ne réussissait à penser qu'à Aleth. Et, quelque part, Aleth aussi, dans sa chambre de pierre, pensait à Fenian. Elle voulait le revoir, mais elle avait même peur : s’il trouvait Fenian ?

Mais pour dix jours Fenian alla la voir, sans qu’il le trouve. Pour dix jours, ils parlèrent, ils rirent, ils se promenèrent dans le bois. Fenian avait peut-être trouvé ce qu’il cherchait et Aleth finalement n’était plus seule. La jeune fille avait donné à Fenian un oiseau mécanique, pour que Fenian puisse écouter les bruits du bois de leurs rencontres. Fenian le tenait devant la fenêtre de sa chambre, vers la direction où il y avait le bois. Il n’avait plus de problèmes à retrouver ce lieu magique : il devait seulement désirer le rejoindre. Mais il voyait que son amie était toujours plus triste, même plus faible. Ainsi, un jour, avant le coucher de soleil, il prit courage et il lui posa une question, la même qu’il aurait voulu lui poser le premier jour : « Aleth, écoute-moi : qu’est-ce que c’est qui te fait tellement peur ? »
« Je ne peux pas te le dire » dit-elle en un soupir.
Fenian lui prit les mains « Regarde-moi dans mes yeux : tu peux me le dire »
Aleth baissa ses yeux : elle allait pleurer.
« Aleth, je suis ici pour toi. Il ne m’importe de rien, je suis ici seulement pour toi »
« Je vais mourir » murmura-t-elle.
« Quoi ? Tu es malade ? »
« Non, non » l’arrêta-t-elle « mais je mourrai, si je ne sors pas d’ici. Maintenant que je sais ce qu’il y dans le monde et qu’il y a toi, je ne peux plus à rester prisonnière »
« Prisonnière de qui ? » il l'encourageait à parler.
« Du géant Grat…il m’a enlevée il y a deux ans et il m’a emprisonnée ici. Puis il a mis une protection autour du bois, pour m'empêcher de m'enfuir ou de me faire trouver par quelqu’un »
« C’est pour ça qu’au coucher de soleil tu veux que je m’en aille ? »
« S’il te trouve, il te tue ! »
« Il ne me tuera pas, Aleth. Je suis un chevalier, ne l’oublie pas. Et il ne pourra pas m’arrêter, parce que…parce que je t’aime » il l’avait dit, finalement. Ce qu’il cherchait, ce qui l’attendait était Aleth.
La jeune fille le regarda étonnée « c’est vrai ? »
Il ne répondit pas.
« Tu m’a rendue heureuse, parce je l’espérais. Je n’osais pas te le dire…moi aussi je t’aime. »
Il la prit entre ses bras et il l'embrassa.
Avant de s’en aller, Fenian promit à Aleth : « je te libérerai. Donne-moi seulement le temps d’organiser une attaque avec les autres chevaliers. »

Mais ce soir-là –Aleth ne le savait pas- le géant avait observé les deux amants et maintenant, sa colère était impressionnante. Il cria contre Aleth, en la menaçant de la tuer, et avec elle Fenian, il renforça les barrières invisibles autour du bois et lui aussi, il fit une promesse a Aleth : « tu ne le verra plus ! Et si c’est moi le premier à le revoir, les seuls qui le verront encore seront les vers de son tombeau ! »
Aleth se retira en criant dans le petit château de pierre au centre du bois.
Ignare de tout ça, Fenian était en train de parler d’Aleth à ses compagnons chevaliers et au roi son oncle. Ils décidèrent un plan d’attaque : Fenian serait allé au bois en premier et les autres l’auraient suivi sans se faire voir, pour attaquer au moment juste.

Le lendemain, le jour avant celui établi pour libérer Aleth, Fenian alla la voir, comme tous les jours, pour l'égayer : sa liberté était proche. Mais, en entrant dans le bois, Fenian entendit quelque chose d’insolite, mais il ne savait pas se l’expliquer. A l’improviste, le géant Grat sauta devant lui et l’attaqua avec son grand pistolet, en criant de colère. Fenian se sauva avec la lame de son arme et se prépara au combat. C’était un combat furieux, sans exclusion de coups.
Quelque minutes après, Aleth arriva sur la scène du combat, en larmes : « Fenian, Fenian, pardonne-moi ! J’ai cherché à t’aviser, mais je n’ai pas été capable de le faire ! »
« Va-t’en, Aleth ! Va-t’en ! Tu peux te libérer pendant que je combats ! » Il était très fatigué, mais il ne voulait pas se rendre : il devait protéger Aleth, sa bien-aimée.
« je ne m’en vais pas sans toi ! »
« Va-t’en, je t’en prie ! »
Grat en un excès de colère, tira une rafale de coups avec son pistolet et, fatalité, un des coups, frappa la belle Aleth en pleine poitrine. Elle tomba à terre, sans un bruit.
Fenian cria de douleur, le géant était confus. Fenian se jeta sur lui et le tua, puis il coura vers Aleth, mais c’était trop tard. Il arriva pour écouter ses derniers mots : « Merci, Fenian. Rappelle-toi qu’Aleth t’a beaucoup aimé » elle lui sourit la dernière fois, puis elle rendit son âme candide. Fenian l’embrassa, en l’appelant doucement parmi les larmes, mais ce fut inutile. Il se coucha près d’elle, l'embrassa et dit « maintenant nous serons libres ensemble ». Et ainsi, il mourut.

Ce soir-là les chevaliers allèrent chercher leur preux compagnon. Pour un miracle, ils trouvèrent sa moto et le bois et, entrés entre les arbres, ils trouvèrent les deux amants morts.
Ils les ensevelirent sous le ciel étoilé, ensemble, et sur leur tombeau poussèrent beaucoup de petites fleurs azur argent. L’oiseau que Aleth avait donné à Fenian prit vie et alla chanter sur leur tombeau.


Magnani Stefania, 3D, 2003-04.