BLAISE PASCAL
(1623-1662)


BIOGRAPHIE
Né à Clermont-Ferrand, il perdit sa mère à l’âge de 3 ans. Son père, président
à la Cour des Aides, était cultivé et curieux de sciences. Le génie: à 11 ans, il écrit un traité sur la propagation des sons. A 12 ans, en cachette, il retrouve tout seul les 32 premières propositions d’Euclide. A 16 ans, son ouvrage Essais sur les coniques fait l’admiration des mathématiciens. En 1639, la famille Pascal s’installe à Rouen. En 1642, pour simplifier les calculs de son père, commissaire pour les impôts, Blaise Pascal réalise la “machine arithmétique”, la première machine à calculer, communément appelée la pascaline (à l’âge de 19 ans).
En 1646, le père de Pascal fait une chute et se brise une jambe: il est soigné par deux hommes qui lui révèlent les oeuvres de Jansénius et d’Arnauld. Pascal se persuade alors que le but suprême de l’homme n’est pas la vérité, mais la sainteté. Il commence à souffrir d’une maladie d’origine tuberculeuse qui lui paralyse le bas du corps et qui l’oblige à marcher avec des béquilles. Toutefois, Pascal continue son activité de savant: il concilie son activité de savant et sa vie religieuse. Il fait des visites à Port-Royal.
Entre 1651 et 1654, Pascal se laisse attirer par les divertissements de la vie mondaine.
Peu à peu sa maladie, la lassitude de la vie mondaine et surtout l’influence de sa soeur qui se trouve à Port-Royal depuis 1646, vont l’entraîner vers Port-Royal. Echappant à un accident, il se croit marqué par la Providence. Surtout, la nuit du 23 novembre 1654, il a une méditation suivie d’une extase mystique: il décide de se retirer à Port-Royal.
Dans la polémique entre jansénistes et jésuites, il est amené à écrire Les Provinciales (1656-1657). La persécution de Port-Royal (mars 1656), la condamnation papale, la mise à l’index des Provinciales, rien n’empêche Pascal d’écrire ses pamphlets.
Vers la même époque, Pascal conçoit le dessein d’écrire une “Apologie du Christianisme” dont il ne reste que des notes éparses, “Les Pensées”.
Dans les dernières années de sa vie (1658-1662) il revient aux mathématiques et se montre un intransigeant janséniste, même quand il y a l’expulsion des religieuses de Port-Royal en 1661.

LA QUESTION DE LA GRACE
Pour comprendre la doctrine janséniste, telle qu’elle est indiquée dans l’ouvrage Les Provinciales de Pascal, il faut suivre, au moins brièvement l’évolution de ce sujet au cours des siècles.
Pélage (Ve siècle) fu réfuté par St- Augustin, puis condamné par les conciles, pour avoir soutenu que l’homme pouvait gagner le Ciel par ses propres mérites.
La doctrine opposée de Calvin (XVIe siècle) fut également déclarée hérétique : pour Calvin, les hommes sont prédestinés au salut ou à la condamnation.
L’horthodoxie catholique était définie par la doctrine de St-Augustin qui, répondant à Pélage, avait insisté sur la gratuité et sur l’efficacité de la grâce.
Mais St Thomas, au XIIIe siècle, et surtout le Père jésuite espagnol Molina avaient assoupli la thèse augustinienne: espoir d’obtenir la grâce par la pratique des sacrements, de la prière et des vertus.
Contre cette tendance optimiste, Jansénius, évêque d’Ypres, réagit dans son Augustinus (1640) : il revient à la pure doctrine de St Augustin, mais la rend plus rigoureuse encore, se rapprochant par là de Calvin, d'où l'accusation d'hérésie que les jésuites, disciples de Molina (molinistes) vont lancer contre les jansénistes.

LES PROVINCIALES

Le jansénisme se fonde sur L'Augustinus de Jansénius (1640), qui voulait un retour à la pure doctrine de St- Augustin. Il es fondé sur 4 propositions qui seront ensuite condamnées par l'Eglise:
1) La grâce n'est pas donnée à tous les hommes.
2) Tous les justes ont le pouvoir d'accomplir les commandements de Dieu.
3) Ils ont besoin pour les accomplir et même pour prier, d'une grâce efficace qui détermine leur volonté.
4) Cette grâce efficace n'est pas donnée à tous les justes; elle dépend de la pure miséricorde de Dieu.

La doctrine des jésuites (XIIIe siècle: Molina, le molinisme) est fondée sur les éléments suivants :
1) la casuistique: étude des cas de conscience (morale relâchée qui permettrait de faire du mal en toute tranquillité de conscience).
2) La direction d'intention qui excuse des crimes comme le duel ou l'homicide en général, pourvu que le fin soit positif.
3) La doctrine de la probabilité: toute action humaine est justifiée si elle est probable, c'est-à-dire soutenue par un casuiste sérieux.

Pascal intervient dans le débat entre ces 2 courants de pensée religieuse avec Les Provinciales (1656) qui sont mis à l'index.
Selon l'Eglise, l'homme a besoin de la grâce pour obtenir le salut: Dieu peut l'accorder ou le refuser. L'homme, toutefois, par le libre arbitre, peut s'efforcer de la mériter.
Il faut admettre ces deux éléments - grâce et libre arbitre - autrement on tombe dans l'hérésie. St- Augustin met plus l'accent sur la grâce, l'espagnol Molina au contraire met plus l'accent sur le libre arbitre.
GRACE: don surnaturel que Dieu accorde aux créatures pour les conduire au salut.
LIBRE ARBITRE: pouvoir qu'a la raison humaine de se déterminer librement.
Les jansénistes furent persécutés par Louis XIV qui voulait éviter des troubles politiques, et ils furent condamnés à Rome.
Ils restèrent avec courage, mais au début du XVIII e siècle ils furent dispersés: destruction de Port-Royal en 1709 et condamnation du jansénisme en 1713 par la Bulle Unigenitus. L'acharnement des jésuites contre les jansénistes s'explique par le fait que les jésuites étaient les confesseurs à la mode, et craignaient d'être supplantés par les jansénistes dans la direction des âmes et dans l'enseignement.

LES PENSEES
Notes éparses, recueillies après la mort de Pascal. Il préparait une Apologie de la Religion chrétienne. Texte destiné à convertir les athées, les libertins.
La première édition fut l'oeuvre de Port-Royal: édition très infidèle, dans laquelle Arnauld et d'autres jansénistes ont éliminé les pensées trop hardies. Succès de cette édition au XVIIe siècle.
Suivent diverses tentatives de reconstitution de l'ouvrage de Pascal.
L'édition de 1897 fait autorité.

Structure de l’ouvrage
Art d’agréer (partie introductive) : selon Pascal, les hommes vont vers la vérité soit par le raisonnement, l'esprit de géométrie, soit pas l'intuition, l'esprit de finesse.

Les grandes lignes de l'Apologie, telles qu'elles ont été reconstuites: 1) Misère et grandeur de l'homme (double nature de l'homme).
Peinture de la misère de l'homme, perdu entre les 2 infinis, incapable d'atteindre la vérité, accablé par les "puissances trompeuses": l'imagination, la coutume, l'amour-propre, incapable d'atteindre la justice et voué au "divertissement" pour détourner ses yeux du spectacle intolérable de son néant. En face de cette misère, l'autre aspect de l'homme, inséparable du premier, sa grandeur, se déduit de sa pensée et de son aspiration invincible vers l'infini.
2) Recherche de la solution au problème de la double nature de l'homme. Pascal prend en considération le divertissement et conclut en disant qu'il ne résout pas le problème, car après le divertissement nous retombons dans la pensée de notre néant. Puis il analyse la philosophie du passé et conclut en disant qu'elle non plus n'est pas la bonne solution, car elle est partielle: elle ne donne qu'une image de l'homme ou positive ou négative. Selon lui, seule la religion chrétienne explique la double nature de l'homme, par la chute originelle et la rédemption.
Par la raison, l'homme doit parier que Dieu existe : le pari pascalien.
2) Preuves de la Religion chrétienne:
preuves historiques et morales: prophéties, miracles, personalité de Jésus-Christ, médiateur entre Dieu et les hommes; caractère sublime de sa doctrine.
De la connaissance de Dieu, il faut passer à la foi, qui est de l'ordre du surnaturel, du coeur. La foi est amour, élan vers Dieu.
"Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas" : par l'intuition, le coeur peut dépasser la connaissance rationnelle. Pascal montre la vie heureuse du converti, qui pratique l'humilité et la charité.

L’oeuvre de Pascal dans les périodes successives Au XVIIIe siècle, la critique philosophique s'attaque à Pascal car il s'intéresse aux problèmes métaphysiques, vaines spéculations selon les philosophes des Lumières. Les philosophes des Lumières n’acceptent que la raison comme faculté pour analyse la réalité et en outre ils critiquent les religions révélées: 2 autres aspects qui expliquent la critique des philosophes à l’oeuvre de Pascal.
Au XIXe siècle, Chateaubriand réhabilite Pascal. On apprécie en lui l’introspection, la méditation, l’insistence sur la tension de l’homme vers l’infini et les valeurs du christianisme, au centre de la pensée romantique (après un siècle où il était l’objet de critiques de la part des intellectuels).
A partir de ce moment, Pascal sera toujours étudié et apprécié aussi bien pour ses ouvrages philosophiques que pour ses études sur les mathématiques. Assez récemment on a inventé en informatique un langage dénommé langage Pascal qui s’inspire de ses études.


Lorenza Diprossimo année scolaire 2003-04
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