PERCEVAL de Chrétien de Troyes
1160-1190


Résumé
Le roman raconte les aventures d’un jeune homme dont on ne connaît pas le nom au début ; l’auteur l’appelle seulement “le garçon”. Il a environ quinze ou seize ans, probablement et vit avec sa mère dans une forêt. Un jour il rencontre un très beau chevalier avec ses soldats qui sont en train de chercher des femmes et des hommes et , donc, ils demandent des renseignements au garçon. Celui-ci est complètement étonné en voyant ces hommes majestueux et les considère très naïment comme des hommes, et leur pose beaucoup de questions à propos de leurs armes et seulement à la fin quelque chose. Il apprend ainsi que ce sont des chevaliers (en fait il n’en avait encore jamais vu) au service du roi Arthur et comprend immédiatement sa vocation et décide de partir tout de suite chez le roi Arthur pour réaliser son rêve. Quand sa mère apprend sa décision, elle est très angoissée à l’idée de devoir le perdre comme son mari et deux autres fils (voilà pourquoi elle l’avait tenu à l’écart de la chevalerie), qui étaient morts en combattant. Mais le garçon est inébranlable et alors sa mère le laisse partir, après lui avoir donné quelques rèles fondamentales de vie : il devra se faire armer chevalier par le roi Arthur; servir les dames et les demoiselles; se limiter à accepter les baisers que les dames et les demoiselles voudront bien lui donner; porter au doigt l’anneau qu’elles lui concèderont; parler avec les hommes d’honneur et aller prier Dieu à l’Eglise et dans les monastères. Il part donc sur son cheval, tandis que sa mère s’évanouit ; mais il décide de ne pas retourner l’aider. Pendant son voyage il rencontre une dame seule sous une tente et lui prend par la force un baiser. Il mange et boit ce qu’il trouve devant lui et s’en repart en laissant la dame dans le désespoir. Quelques jours plus tard il arrive à la cour du roi et lui demande sans trop de préambules et un peu impudemment de le faire chevalier et de lui donner les vêtements vermeils du chevalier qu’il a vu sortir en tenant une coupe dans une main. Le roi accepte de le nommer chevalier. Mais le sénéchal Keu propose méchamment à Perceval d’aller chercher tout seul les armes et l’armature du chevalier Vermeil (qui est un grand ennemi du roi) et gifle la demoiselle qui prédit en riant au garçon un futur de chevalier merveilleux et avec un coup de pied il envoie le bouffon dans le feu parce qu’il a pris la défense de la demoiselle. Le garçon réussit facilement à tuer le chevalier Vermeil et à endosser, à l’aide du’un valet, l’armure et à prendre ses armes. Perceval part donc à l’aventure et arrive au château de Gornemont de Goort, un homme noble et aimable qui enseigne au nouveau chevalier le maniement des armes et les techniques de combat à cheval et a pied, puis il lui donne ces derniers conseils : savoir grâcier un adversaire qui demande grâce ; ne pas trop parler ; aider les hommes, les femmes et les orphelins en péril ; aller dans les monastères pour prier Dieu et ne pas répéter ce que lui a dit sa mère. Perceval, après avoir appris en bon élève ce que lui a enseigné Gornemont, repart avec l’intention de retourner chez sa mère pour la revoir. Son voyage le porte dans une ville désolée, habitée par Blanchefleur, une demoiselle belle et courtoise et par son peuple. Elle l’accueille avec dignité malgré la situation très critique où elle se trouve. Durant la nuit, elle se rend dans la chambre de son hôte et lui révèle en pleurant tous ses malheurs : le méchant chevalier Clamadeu veut conquérir cette ville et cette demoiselle, en assiégeant la ville depuis plusieurs mois. Perceval et le demoiselle passent la nuit en se tenant l’un contre l’autre, bouche contre bouche. Le lendemain matin, Perceval se bat contre Aiguingueron, puis contre Clamadeu lui-même, en libérant ainsi la ville de ses assiégeants. Les deux ennemis sont grâciés et envoyés par Perceval chez le roi Arthur, pour se mettre à son service et pour dire à la demoiselle qui a été giglée par Keu qu’elle sera vengée par lui. Il pourrait rester auprès de Blanchefleur qui lui a promis son amour, mais il est poussé à repartir pour revoir sa mère, mais il promet de revenir chez elle. Après avoir longtemps chevauché il demande à deux personnes qui pêchent dans une barque de lui indiquer un lieu pour se reposer la nuit. L’une des deux personnes, le roi Pêcheur, lui montre le chemin pour aller à son château. Perceval le découvre presque magiquement. Quand il entre dans le château , il est accueilli par le roi (qui ne peut pas marcher) qui lui donne une épée merveilleuse et qui l’invite à manger avec lui. Pendant qu’ils mangent, Perceval observe une Cortège mystérieux : un valet vient d’une chambre en portant une lance de laquelle une goutte de sang coulait, de la pointe jusqu’à la main du valet ; suivent deux autres valets portant des chandeliers d’or; enfin arrive une très belle et élégante demoiselle portant un graal, recouvert de pierreries rares et précieuses, qui illumine toute la salle. Pendant tout le cortège qui passe d’une chambre à l’autre, deux fois au total, Perceval ne pose pas de question, croyant ainsi respécté les directives de Gornemont. Il décide de poser quelque question le lendemain. Mais quand le matin vient, personne n’est là pour lui répondre et magiquement tout est prédisposé pour qu’il sorte du château. Chemin faisant, il rencontre dans une forêt, une dame en pleurs qui tient serré contre elle son chevalier qui vient d’être tué par un ennemi. Les deux personnes commencent à parler (pour la première fois le protagoniste dit qu’il s’appelle Perceval) ; ainsi Perceval découvre que cette dame est sa cousine ; et surtout que le château du roi Pêcheur est sous l’effet d’un sortilège et que Perceval aurait pu permettre au roi et à ses sujets de se libérer de ce sortilège, s’il avait parlé et demandé ce qui se passait pendant le Cortège. Puisqu’il n’a pas posé de questions, il ya déjà eu des malheurs (le roi n’a pas retrouvé l’usage de ses jambes et récupéré ses terres; la mère de Perceval est morte pour la douleur de le voir partir ; elle- même a perdu son chevalier), et il y en aura encore. Enfin elle lui recommande de ne pas trop se fier à l’épée que le roi Pêcheur lui a donnée, car elle pourrait se briser en mille morceaux durant le combat. Perceval continue son chemin tout tristement et rencontre une autre femme très désespérée qui lui raconte son aventure : il y a quelques mois, un garçon lui a pris un baiser et un anneau par la force et à cause de ça son ami, l’Orgueilleux de la Lande, a décidé de la tenir sans un cheval décemment mis et sans vêtements neufs jusqu’à ce qu’il ne se venge de l’homme qui a violé, pense-t-il, son amie. Perceval se présente comme le responsable de ces actes, en précisant toutefois qu’il n’a pas profité de la jeune femme. Les deux hommes se battent et Perceval le bat et le grâcie en l’envoyant chez le roi Arthur pour qu’il se mette à son service. Quand le roi voit arriver encore un homme envoyé par Perceval, il décide de partir à la recherche de cet homme si fort et courageux. Ainsi toute la Cour se prépare pour le départ. Après plusieurs heures de voyage la Cour dresse un camp pour la nuit dans une prairie près d’une forêt. Pendant la nuit, il neige abondamment. Le lendemain, Perceval, de bonne heure, est dejà à le recherche d’aventures, quand il est totalement charmé par trois gouttes (d’une oie blessée) sur la neige qu’il met en relation avec la couleur du visage de Blanchefleur. Rien ne détourne Perceval de ce spectacle, pas même la tentative de deux envoyés du roi, Sagremor et Keu, qu’il bat en combat (ainsi a-t-il pu vengé la jeune fille qui rit), car ils s’adressent à lui avec arrogance. Seul Galvan, avec sa courtoisie, réussit à le conduire auprès du roi, qui le félicite pour sa valeur et son courage. Pendant la fête organisée en l’honneur de Perceval, arrive une demoiselle très laide sur un mulet . Elle reproche à Perceval de n’avoir pas posé de questions au sujet du graal et annonce des malheurs : les épouses perdront leurs maris, les terres seront ruinées, les filles seront orphelines et beaucoup de chevaliers mourront. Elle ajoute que dans le château de Montesclaire, ce soir il y aura une joute : le chevalier qui lèvera le siège, libèrera la demoiselle assiégée et recevra beacoup d’honneur. Cinq années passent pendant lesquelles le protagoniste s’illustre par des exploits chevaleresques, mais en oubliant Dieu et la religion jusqu’au jour où il rencontre trois chevaliers et dix dames qui portaient le capuchon et marchaient pieds nus, en acte de pénitence. Ces personnes apprennent à Perceval que c’est le Vendredi Saint et lui indique comment aller chez l’ermite. Perceval se rend chez lui et découvre que c’est son oncle, que le roi Pêcheur est également son oncle et que le Saint Graal qu’il a vu dans le château contient l’hostie que l’on sert au père du roi Pêcheur depuis 12 ans et que c’est à cause de la douleur qu’il a donnée à sa mère qu’il n’a rien demandé au sujet du graal : c’est le péché qu’il ignorait et pour lequel sa mère est morte et qu’il y a eu tous ces malheurs. Alors l’ermite lui enseigne a faire pénitence ; à Honorer les hommes et les femmes d’honneur ; à secourir les filles, les veuves et les orphelins en difficulté et à déjeuner comme lui, pour se préparer. Le jour de Pâques, il communie.
Ici s’achève la partie du roman concernant Perceval.
A partir de là commencent les aventures de Galvan.


ANALYSE DU ROMAN

Personnages
Perceval, ingénu dans la partie initiale et qui progressivement se forme à la chevalerie, à l'amour et à la religion.
la mère de Perceval, le roi Pêcheur, le roi Arthur, Galvan (Gauvain), Blanchefleur, l’ermite, la cousine, Keu, Clamadeu.

Espace
les indications spatiales ne sont pas claires, mais les événement sont probablement situés en Pays de Galles, comme toutes les aventures du roi Arthur. L’auteur cite même des villes imaginaires, comme Carduel, Carlion et Valdona. Les lieux intérieurs les plus important sont le château du protagoniste, celui du roi Arthur, celui de Gornemont de Goort, celui du roi Pêcheur, celui de Blanchefleur. Les lieux extérieurs les plus importants sont la forêt oà vit Perceval avant de partir à l’aventure et tous les endroits qu’il rencontre durant son voyage, jusqu’au lieu désertique où habite l’ermite qui représente pour le protagoniste le lieu d’expiation et de communion avec Dieu.

Temps
la narration dure environ cinq ans et procède presque linéairement, si on exclut les rétrospections de certains passages, comme au moment où la cousine parle du cortège du Graal.
On se trouve environ au VI-VII siècle, même si on n’a pas de références précises. Il y a beaucoup de détails qui peuvent indiquer cette période du Moyen Age, comme la présence de la chevalerie et tout ce qui la concerne(l’honneur, les châteaux, ses lois), les vêtements antiques, la croyance dans l’efficacité de la magie et des prophéties, la citation de l’Empire de Rome, désormais en pleine décadence.

Les thèmes les plus importants
la chevalerie (pour devenir chevalier, il faut apprendre toutes les lois du code chevaleresque, qui constituent la base pour se faire honneur. Perceval possède déjà le courage, la pitié, l’honnêteté et la générosité ; il apprendra successivement les autres règles grâce surtout à Gornemont : la capacité de ne pas trop parler, de prendre ses propres responsabilités, de tenir sa parole, de ne pas tuer son ennemi si ce n’est pas nécessaire, de bien utiliser ses armes, d’être courtois avec les dames et avec les autres (comme Galvan); d’autres lois respectées par tous les chevaliers sont : l’hospitalité et la capacité d’accepter la défaite en devenant le serviteur du vainqueur) ; l’affront qui doit être vengé (Keu qui a giflé une demoiselle) ; l’amour filial, maternel, entre homme et femme ; la religion et la foi ; la magie et les prophéties ; la guerre et la violence ; la jalousie du courage (Keu) et envers la personne aimée(L’Orgueilleux de la Lande) ; la mort ; le thème du souvenir ; la condition de la femme ; l’éducation ; la formation de l’individu.

L'enseignement reçu par Perceval tout au long de la narration Sa mère :
- se faire armer chevalier par le roi Arthur;
- servir les dames et les demoiselles: il en sera honoré;
- si la dame concède un baiser, me pas lui en donner un autre;
- si elle a un anneau et qu'elle le lui concède, il devra le porter au doigt;
- parler avec les hommes d'honneur;
- aller prier Dieu à l'égliser ou dans un monastère.
Le maître en chevalerie, Gornemont de Goort:
- grâcier un adversaire battu qui demande grâce;
- la discrétion ;
- aider hommes, femmes et orphelins en péril;
- aller au monastère pour prier Dieu: pour le salut de l'âme;
- ne pas répéter ce que disait sa mère.
L'ermite:
- aller pour pénitence à l'égliser tous les matin;
- aimer Dieu, croire en Dieu, l'adorer pour gagner de l'honneur et le Paradis;
- honorer les hommes et les femmes d'honneur;
- se lever devant un prêtre;
- si une jeune fille, une veuve ou un orphelin l'appelle à son secours, il devra l'aider;
- manger la même nourriture que l'ermite pour deux jours.

Influence de l'oeuvre "Perceval"
- Influence directe sur l'ouvrage La Quête du Saint-Graal La Quête du Saint Graal est un roman composé au XIIIème siècle et relatant l'histoire des chevaliers de la Table Ronde à la recherche du Saint-Graal. Le Saint-Graal est la coupe qu'utilisa Jésus-Christ lors de la Cène qui précéda sa passion et dont Joseph d'Arimathie se servit pour recueillir le sang du Christ crucifié, après avoir été achevé par la lance d'un soldat romain. Le Saint-Graal est un talisman, un objet divin et merveilleux aux pouvoirs extraordinaires : pour les chevaliers de la Table Ronde, c'est une corne d'abondance capable de fournir à chacun les mets qu'ils préfèrent.
Dans le roman, les chevaliers ne recherchent pas en réalité le Graal lui-même, mais ils cherchent à résoudre ce que l'auteur appelle "les aventures du Saint-Graal". Ces aventures sont en fait des manifestations divines, surnaturelles qui se produisent un peu partout dans le royaume et seul la découvertes des secrets du Graal fera cesser ces prodiges. La quête du Graal est en fait la quête de la connaissance des secrets et des mystères de la vie et seuls les chevaliers les plus purs pourront espérer en avoir la connaissance.
Le roman commence alors que le roi Arthur et tous les chevaliers de la Table Ronde (ils sont cent cinquante) sont réunis à Camelot pour les fêtes de la Pentecôte. Le Saint-Graal leur apparaît alors et tous jurent de se lancer à sa recherche et partent sur le champ. Chacun connaîtra alors, avec des fortunes diverses, "les aventures du Saint-Graal" jusqu'à ce que Galaad, Perceval et Bohort, les trois élus désignés dès le commencement du récit achèvent la quête en retrouvant la coupe et en perçant ses secrets.
Chacune des aventures du Saint-Graal est en fait une illustration de chacun des dix commandements de Dieu et/ou de l'idéal de vie chevaleresque de l'époque. La trame du réçit est assez simple : un chevalier arrive en un lieu où se produisent des événements surnaturels qu'il va affronter selon son caractère. Peu de temps après, il rencontre un ermite, un abbé ou bien une veuve isolée qui, par sa sainteté, va pouvoir donner une interprétation de l'aventure et permettre au chevalier d'en tirer ses propres enseignements. Le récit départage les acteurs en deux catégories : les chevaliers celestes, les 'purs' (Galaad, Bohort, Perceval) et les chevaliers terrestres, les 'pêcheurs' (les autres parmi lesquels Gauvain et Lancelot). Alors que les aventures du Saint-Graal vont permettre d'éprouver les vertus et les qualités des purs, elle vont tenter de faire prendre conscience 'aux pêcheurs' de leur état. Certains comprendront que leur état de pêcheurs leur interdit toute chance de succès dans la Quête et n'hésitent pas à se mortifier et à faire pénitence (Lancelot), de nombreux autres, refusant de voir les signes que Dieu leur envoie, persistent dans leur conduite (Gauvain) et par-là, s'interdisent tout succès dans la Quête.

-Influence directe sur l'opéra de Wagner, Parsifal, 1882.


Lorenza Diprossimo
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