Suicide de Leslie Cheung

Par Didier PERON - 02 avril 2003

Le grand acteur et ex-pop-star de Hongkong Leslie Cheung s'est suicidé en se défenestrant d'un hôtel. Il était né en 1956, benjamin d'une fratrie de dix enfants. Ses parents divorcent, et le jeune Leslie est envoyé étudier en Angleterre. Après une formation de stylisme pour devenir tailleur (comme son père), il revient à Hongkong et entame une carrière de chanteur qui le propulse idole des teenagers du Sud-Est asiatique dès le milieu des années 70. Il arrête brusquement en 1989. En 1986, il a tourné sous la direction de John Woo, début d'une prolifique carrière d'acteur qui le verra travailler avec Wong Kar-wai (Nos années sauvages, les Cendres du temps, Happy Together), Chen Kaige (Adieu ma concubine), Tsui Hark (Chinese Feast)... En 1997, alors que des acteurs comme Chow Yun Fat ou Jackie Chan tentent leur chance aux Etats-Unis, il déclare : «Je suis un peu le Tom Cruise de l'Asie. J'ai tous les rôles que je veux. Donnez-moi 1 000 raisons d'aller à Hollywood !»from LIBERATION

Mort de Leslie Cheung

La star asiatique s'est suicidée mardi à Hongkong, à l'âge de 46 ans.

Par Didier PERON - 03 avril 2003

L'acteur Leslie Cheung, l'une des plus grandes stars masculines asiatiques, s'est suicidé mardi en se défenestrant du Mandarin, un hôtel du centre de Hongkong. Une porte-parole de la police a indiqué qu'il avait laissé une lettre pour ses proches avant de mettre fin à ses jours. Né en 1956, son père était un tailleur de renom, coupant des costumes pour William Holden et Alfred Hitchcock. «Je n'ai pas eu une enfance très heureuse parce que je viens d'une famille séparée. Mes parents ne s'entendaient plus. J'ai eu deux mères, ma mère et la concubine de mon père, ce qui était une situation assez courante à l'époque», racontait Leslie Cheung dans un entretien à Positif en 1999.

Parti étudier à Leeds en Angleterre, il n'entre pas à l'université mais s'oriente vers le stylisme. Son père frappé d'une attaque cardiaque, Leslie Cheung décide de planter son cursus scolaire et de rentrer au bercail. Fan de pop, en particuliers du demi-dieu blond Bowie, il se présente plusieurs fois à un concours de chant qu'il finit par gagner à vingt ans. C'est pour lui le début d'une carrière dont on peine ici à mesurer l'ampleur, Leslie enchaînant les tubes dès son premier album The Wind Blows (1983), et se produisant dans toute l'Asie devant des milliers de spectateurs transis. S'il fit l'acteur dès 1978, avec des apparitions dans de nombreux films de série B, sa véritable entrée en cinéma s'effectue sous la houlette disjonctée de John Woo, avec le Syndicat du crime en 1986 où il joue Kit au côté de Chow Yun Fat. Dans Histoires de fantômes chinois, énorme succès, il interprète un jeune homme pur et naïf lancé dans de fantastiques aventures mêlant arts martiaux et merveilleux.

Constamment soumis à la pression des médias et des fans, il décide après le tournage de Nos Années sauvages, de Wong Kar-wai en 1989, de s'installer au Canada, selon lui «le pays le moins pervers du monde» : «Je voulais tout quitter, et pas seulement ma carrière de chanteur. J'étais fatigué de tout. Je ne voulais plus avoir de rapport avec la Chine, avec Hongkong.» Il ne tarde pourtant pas à s'ennuyer dans sa luxueuse villa. Pressé par les producteurs de revenir, il reprend l'avion dans l'autre sens. Son parcours au cinéma est remarquable et prolifique. Si l'on connaît ses prestations con trastées ­ sabreur, concubine d'opéra, play-boy gominé, jeune gay... chez John Woo (Once a Thief), Wong Kar-wai (les Cendres du temps, Happy Together), avec qui la star entretenait des rapports d'amour-haine, Chen Kaige (Adieu ma concubine), Tsui Hark (le Festin chinois) dans des films sortis en France, il y aussi pléthore de productions que nous n'avons pas vues, la filmo de Cheung ne comptant pas moins de soixante titres.

La classe est une chose qui se fait rare ; la mort volontaire de Leslie Cheung prive le cinéma de l'une de ses figures les plus altièrement élégantes.

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